Valentine Franc
CULTIVE DES VARIÉTÉS ANCIENNES DE BLÉS, FAIT SA FARINE
ET S’ENGAGE DANS L’AGROFORESTERIE EN GÂTINAIS FRANÇAIS.
Elle n’a pas voulu vendre la ferme de Montaquoy, dans l’Essonne, héritée de sa mère. Elle a changé d’équipe, sème des variétés anciennes de céréales, plante des arbres fruitiers le long de ses parcelles, fait sa farine et s’est associée à un boulanger.
Et c’est bien plus passionnant que de vendre son blé à la coopérative.
Elle était styliste depuisses 18ans, costumière dans le cinéma, le plus souvent. Sa mère possédait 250 hectares de céréales en conventionnel à Soisy· sur-École dans le Parc du Gâtinais français. La ferme tournait toute seule grâce à un fermier. Mais en 2000, au décès de sa mère, Valentine Franc s’est dit que les questions de l’agriculture et de l’alimentation étaient trop essentielles pour qu’elle ne s’y intéresse pas. C’est ainsi que l’agriculture est devenue son activité principale. Elle n’y connaissait rien et cette candeur la rendait disponible pour toutes les audaces.
DES RENCONTRES ET DES IDÉES
Elle a passé un brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole, elle a lu Claude Bourguignon sur le fonctionnement des sols, a changé son équipe et a cessé de labourer. Elle utilise un semoir qui se contente d’enfoncer la graine à 5 cm dans le sol. Puis, elle a rencontré un chercheur canadien qui avait retrouvé des graines datant de plusieurs siècles dans un toit de chaume en réfection. Il lui a donné des graines de 15 variétés différentes, qu’elle cultive et qu’elle ressème chaque année dans le même champ.
Depuis quelques mois, avec l’aide du Parc du Gâtinais français via le programme Leader, elle a acquis un moulin pour faire la farine et s’est associée au boulanger de Courances, autre village du Parc du Gâtinais français à 5 km de là. li fait du pain avec ses farines. Depuis septembre 2020. elle teste des farines de la plus fine à la plus complète. Le boulanger a créé un pain qu’il a baptisé du nom de sa ferme, « de Montaquoy ». Ils essaieront bientôt aussi avec du seigle, qu’elle cultive depuis cet automne … Elle est fière d’avoir obtenu pour ses farines la marque Valeurs Parc naturel régional. Valentine est passionnée et ce qu’elle fait est passionnant. Mais on a envie de lui demander comment elle fait pour en vivre. « C’est beaucoup plus intéressant, répond-elle sans hésiter, que de vendre le blé à la coopérative 200 euros la conne! Je vends ma farine au kilo, dans les épiceries du Pan: et au boulanger de Courances, presque dix fr,is plus cher! »
Avec l’aide du Parc, elle a aussi restauré le verger et créé deux sentiers agroforestiers le long de ses parcelles; des chemins plantés de m0riers, de framboisiers, cassis, noyers, noisetiers, qui favorisent la biodiversité et permettent aux promeneurs de se délecter en cheminant le long de ses champs.
Et ça lui laisse même le loisir de reprendre, de temps en temps, son ancien métier de costumière si le projet qu’on lui propose l’intéresse particulièrement !